Autant le dire tout de suite, le fait que ce coffret s’intitule "Songs For Christmas" n’oblige pas à le ranger dans un coin une fois les fêtes passées en attendant les prochaines, tellement son importance dépasse ce cadre. Et pour bien mesurer ce qui se joue ici, retournons à l’année 1963 : cette année là, […]

Autant le dire tout de suite, le fait que ce coffret s’intitule "Songs For Christmas" n’oblige pas à le ranger dans un coin une fois les fêtes passées en attendant les prochaines, tellement son importance dépasse ce cadre.

Et pour bien mesurer ce qui se joue ici, retournons à l’année 1963 : cette année là, Phil Spector publie sous son nom "A Christmas Gift For You", collection de chansons qui reste pour beaucoup le plus beau florilège de "chansons de Noël" de la musique pop. Cette même année, Bob Dylan publie "The Freewheelin’ Bob Dylan", et devient, pour toute une génération, le meilleur chroniqueur de l’amérique de l’époque.

Sufjan Stevens est certainement aujourd’hui un pendant à ces deux figures tutélaires. Car parmi les 40 titres qui jalonnent ce coffret, on retrouve nombre d’airs traditionnels, de O come O come Emmanuel à The Little Drummer Boy  interprétés avec une sobriété et une finesse qui font plus que rendre grâce à l’intemporalité de ces airs, et des morceaux originaux où éclatent toute la sophistication et la hardiesse mélodique de Sufjan (Sister Winter, Star of Wonder…) et ou il fait preuve de l’humour et de la morgue qui sied aux meilleurs chroniqueurs. Père Noël, es-tu un suppôt du commerce?, Pourquoi es-tu si gros avec tout le travail que tu as à faire?, peut-on l’entendre chanter ci et là. Si on ajoute à celà que Sufjan Stevens s’est fixé le pari fou (dont il s’amuse lui-même) de publier un album pour chaque état des USA, et qu’il s’y est attelé avec "Michigan" puis "Illinoise" avec un brio exceptionnel et quasi anthropologique, on peut être sûr de tenir là notre meilleur peintre musical de l’Amérique d’aujourd’hui.

Mais ce qu’il y a encore de passionnant dans ce coffret est que les cinq disques qui le composent ont été écrits chronologiquement entre 2001 et 2006 (seule 2004 n’est pas représentée), ce qui nous permet de sentir les grandes évolutions du songwriting et des orchestrations au fil du temps. On notera ainsi la délicatesse boisée du premier CD, les ambiances plus complexes et le recours aux choeurs à partir de 2005. Tout un univers, tantot dépouillé, tantot baroque, se trouve là à portée de nos oreilles…

Bref, en 2007 comme en 2006 cet objet s’avèrera indispensable sur la platine de tous ceux qui veulent connaître ce qui se fait de mieux aujourd’hui en Amérique.

• Publication 699 vues2 février 2007
• Tags Sufjan StevensAsthmatic Kitty
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